-En matière de développement durable, qui veut détrôner la microbrasserie le Coureur des bois devra se lever tôt.

La microbrasserie brasse des bières depuis 2011 et opère aujourd’hui un bistro-bar, une usine et une boutique à Dolbeau-Mistassini. L’entreprise familiale se démarque notamment par son engagement social, par la diminution de son empreinte écologique et par la valorisation des principes de l’économie circulaire. En novembre dernier, la chambre de commerce lui a décerné le prix L’écoresponsable en reconnaissance de ses efforts. Et quels efforts! Approvisionnement local, ressources énergétiques, gestion des matières résiduelles, consigne, tout est réfléchi dans une perspective durable. Le Coureur des bois est d’ailleurs la première microbrasserie au Lac Saint-Jean à composter ses matières organiques et l’une des rares à détenir la certification Ambassadeurs de saveurs de Zone Boréale pour son circuit court d’approvisionnement.

Qu’est-ce qu’on entend par circuit court d’approvisionnement? L’approvisionnement alimentaire doit respecter un pourcentage minimum en produits régionaux pour respecter la certification Ambassadeurs de saveurs. Celle-ci vise à mettre en valeur les produits issus de la Zone boréale et à faire rayonner les producteurs et transformateurs d’ici. Par exemple, les fruits et les herbes qui sont ajoutés aux bières sont ramassés ou cultivés le plus localement possible. Vous pouvez d’ailleurs trouver le logo Aromate Nordique sur leurs étiquettes!

L’équipe de la microbrasserie fait preuve d’énormément de vision en matière de développement durable. L’usine, ouverte en 2018, est 100 % électrique et munie d’un système de récupération de l’eau des cuves de refroidissement. Un choix judicieux, puisque l’obligation d’installer un compteur d’eau entrait en vigueur peu de temps après. « En plus d’être beaucoup plus écologique, cette mesure nous a fait épargner énormément, puisque l’eau de refroidissement, qui représente un volume important, est réutilisée pour le nettoyage des cuves. C’est gagnant-gagnant » m’a expliqué Caroline Mailloux, qui occupe le poste de directrice générale.

L’économie circulaire occupe une grande place dans les valeurs véhiculées par l’entreprise. Par exemple, une partie des résidus de céréales, la drêche, est envoyée au marché Wallberg qui l’utilise pour fabriquer le pain destiné au bistro-bar. Le reste est remis aux agriculteurs locaux comme nourriture pour le bétail.

Les bouteilles utilisées par la microbrasserie sont consignées et lavables, et donc à usage multiple. Les canettes en aluminium sont aussi consignées et récupérées pour être transformées à nouveau. Même les étiquettes sont pensées avec des visées durables : elles sont en papier pour réduire les ressources nécessaires au lavage (moins d’eau, moins de produits nettoyants, moins d’énergie) ainsi que la quantité de bouteilles rejetées lors du lavage : celles-ci sont passées de 75 % à 5 % grâce à cette mesure. Avouons que c’est impressionnant!

Pour Caroline, l’engagement dans le milieu est aussi d’une importance capitale : « En 2011, à nos débuts, on assistait à une morosité économique grandissante. Il fallait briser ce cercle vicieux, ou on devenait une ville fantôme. Mais pour que le projet de microbrasserie fonctionne, il fallait qu’on change les habitudes des gens ; pour ça, il fallait leur donner une bonne raison de nous adopter ». Au-delà de la bière elle-même, c’est une ambiance qu’elle et ses copropriétaires ont réussi à créer. Un lieu d’échange, de discussion, d’animation pour tous, y compris ceux qui n’aiment pas la bière et ceux qui préfèrent la bière industrielle à la bière artisanale. Les propriétaires de la microbrasserie en ont profité pour jouer de créativité. La Bière Normale, la Bière des Lions, l’Aventurière et la Grosse Roche ont contribué au financement d’organismes de la MRC. En plus de l’animation au centre-ville (Festival des Brasseurs de Dolbeau-Mistassini, Cépages en fête et la Cabane à sucre urbaine), on remarque leur implication dans le sport (Ligue de Hockey Coureur des bois et la Course le Coureur des bois) et la culture (spectacles de musique, d’humour, d’improvisation).

La réception du prix L’écoresponsable permet de continuer sur cette lancée. Au-delà de la marque de reconnaissance, il contribue à faire connaître l’entreprise et à lui donner de la crédibilité localement ; mais c’est surtout une belle occasion d’informer le public sur les enjeux qui leur tiennent à cœur. Cela fait partie des raisons pour lesquelles Caroline croit profondément en la chambre de commerce et d’industrie de Dolbeau-Mistassini « C’est un réseau de soutien et d’entraide entre entreprises d’ici. Dans le nord du Lac-Saint-Jean, on est un peu oubliés des autres réseaux. Notre participation à la chambre de commerce, ça nous permet de rayonner partout. On est compétitifs sur le marché, on offre énormément de valeur. Ça nous donne aussi accès à de la formation, à des activités pour côtoyer d’autres entreprises, peu importe leur taille. On peut mieux s’impliquer dans notre milieu ».

Si, comme moi, vous vous dites que la barre est haute pour l’an prochain en matière d’écoresponsabilité, n’ayez crainte. L’entreprise prévoit déjà d’aller plus loin, notamment en matière d’optimisation du compost. L’innovation s’étend bien entendu aux prochaines recettes de bière. Il n’y a pas à dire, à la Microbrasserie le Coureur des bois, ça brasse!